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Brevet logiciel et génétique

Le brevet sur le logiciel et sur le code génétique pourraient être relancés par deux projets de loi du Congrès américain

La commission judiciaire du Sénat doit examiner jeudi deux projets de loi qui annuleraient effectivement les décisions de la Cour suprême contre les brevets sur les processus logiciels généraux et les gènes humains (opens in a new tab). Les défenseurs de l'open source et de la liberté d'Internet se mobilisent (opens in a new tab) et la résistance s'organise (opens in a new tab). La loi sur la restauration de l'éligibilité aux brevets (opens in a new tab) (ou PERA, S. 2140), parrainée par les sénateurs Thom Tillis (R-NC) et Chris Coons (D-Del.), modifierait le Code américain de telle sorte que « toutes les exceptions judiciaires à l'éligibilité aux brevets soient éliminées ». Cela inclurait la décision de 2014 (opens in a new tab) dans laquelle la Cour suprême a statué, avec le juge Clarence Thomas, que le simple fait d'exécuter un processus sur un ordinateur n'en fait pas une nouvelle invention brevetable. « La question pertinente est de savoir si les revendications ici font plus que simplement indiquer au praticien de mettre en œuvre l'idée abstraite de règlement intermédiaire sur un ordinateur générique. », a écrit Thomas. « Ce n'est pas le cas. » Cette affaire s'appuyait également sur l'affaire Bilski c. Kappos, dans laquelle un brevet avait été proposé uniquement sur la base du concept de couverture contre les fluctuations de prix sur les marchés des matières premières. [...]

Ces considérations soulèvent une question cruciale concernant la nature des revendications d'un brevet. Elles s'interrogent sur le fait de savoir si les revendications formulées dans le brevet vont au-delà d'une simple instruction pour exécuter une idée abstraite, en l'occurrence, celle du "règlement intermédiaire" (intermediated settlement) sur un ordinateur standard.

En d'autres termes, elles remettent en question le caractère réellement innovant ou la spécificité technique des revendications, ou si elles se contentent de décrire une méthode générale qui pourrait être réalisée sur n'importe quel ordinateur. Dans le contexte des brevets, cela est important car, selon la loi, les idées abstraites en elles-mêmes ne peuvent pas être brevetées. Pour qu'un brevet soit valide, il doit démontrer une application concrète et inventive de l'idée, plutôt qu'une simple mise en œuvre d'un concept théorique.

Un autre problème du projet de loi PERA concerne les brevets génétiques. La Cour suprême a statué en juin 2013 que les fragments d'ADN présents naturellement dans les génomes humains ou d'autres organismes ne peuvent pas, eux-mêmes, être brevetés. Myriad Genetics avait déjà obtenu des brevets sur des gènes associés au cancer du sein et des ovaires, BRCA1 et BRCA2, qui étaient visés par un procès mené par l'American Civil Liberties Union (ACLU). La décision de la Cour suprême qui en a résulté - celle-ci également rédigée par Thomas - a conclu que les informations présentes naturellement dans le génome humain ne pouvaient pas faire l'objet d'un brevet, même si le brevet couvrait le processus d'isolement de ces informations du reste du génome. Comme pour les brevets logiciels généraux, le PERA permettrait apparemment de breveter des gènes humains isolés et les liens entre ces gènes et des maladies comme le cancer. [...] La commission judiciaire devrait débattre et éventuellement modifier ou réécrire PREVAIL et PERA (c'est-à-dire majorer) jeudi 19 septembre 2024.